Phagoburn : premiers pas en France


La résistance toujours plus grande des bactéries aux antibiotiques est un problème aigu sur les théâtres d’opérations extérieures, mais surtout une menace mondiale majeure de santé publique. La phagothérapie, utilisation thérapeutique de virus spécifiques (les bactériophages ou phages) pour détruire ces bactéries, est une idée ancienne qui retrouve une actualité face à ce redoutable défi.

The Lancet Infectious Diseases consacre sa couverture de janvier à l’article publié par un groupe européen piloté par le centre de traitement des brûlés (CTB) de l’HIA Percy, en binôme avec une PME française de biotechnologie, pour présenter les résultats de l’étude PHAGOBURN.

PHAGOBURN, projet conduit de 2013 à 2017 et financé par la Commission européenne, est la première étude au monde à avoir rigoureusement évalué, comparativement à un traitement de référence, l’efficacité de bactériophages produits selon les standards pharmaceutiques pour traiter des infections bactériennes. Il s’agissait d’infections de brûlures (dues à la bactérie P.aeruginosa) chez des patients hospitalisés dans 11 centres de brûlés de France, Belgique et Suisse. Le CTB de Percy a inclus à lui seul 40 % des malades. Au final, les bactériophages ont effectivement montré leur capacité d’élimination des bactéries cibles, avec plusieurs limites riches d’enseignements.

Très attendue, cette publication dans la plus prestigieuse revue internationale de maladies infectieuses consacre le caractère innovant du projet, son importance pour la santé publique, et la qualité du travail réalisé. Elle conclut une aventure complexe, qui a ouvert de nouvelles perspectives et permis des progrès précieux en vue de faire entrer pleinement la phagothérapie dans l’arsenal des traitements antibactériens modernes.

source :https://wp.unil.ch/phageback/phagotherapie/clinique/

À quand la Suisse ?

Devant les réticences incompréhensibles des institutions médicales helvétiques, les différents projets liés à la phagothérapie sont au point mort. Une possibilité d’ouverture pointait au CHUV mais une enveloppe de 30 mio aurait dû être ouverte. Le montant indiqué a rebuté les différents acteurs et le projet s’est donc éteint dans l’oeuf.

La situation actuelle de Denis et Martial

Afin de diminuer la prolifération de bactéries dans leurs poumons, toutes les personnes atteintes de mucoviscidose ont très fréquemment recours aux antibiotiques. Denis et Martial n’y échappent pas ! Denis en reçoit par voie orale 5 à 6 fois par année et par voie intraveineuse 2 à 3 fois par année à l’hôpital durant chaque « cure de 15 jours ». Martial en reçoit par voie orale en continu 2 fois par jour depuis environ 6 ans et par voie intraveineuse 6 à 7 fois par année. Avec les années, Martial a développé de nombreuses résistances aux antibiotiques. Dans cette situation, il existe un panel important de différentes souches d’antibiotiques, mais le choix encore efficace devient mince et deviendra nul de manière inexorable d’ici quelques semaines, mois ou années. Une fois le panel d’antibiotiques épuisé, il n’y aura plus d’autres alternatives et le temps leur sera alors compté.

L’association Denis Martial

L’Association DenisMartial a été créée début mai 2016 par une dizaine de personnes autour d’une famille dont les deux enfants, Denis et Martial, sont atteints de mucoviscidose.

Maladie génétique du métabolisme fréquente en Europe, elle touche 1 enfant sur 2’900 en Suisse. Elle se caractérise par des sécrétions trop visqueuses dans les voies respiratoires, le pancréas, le foie et le tube digestif.

Encore incurable, elle conduit principalement à une infection chronique des voies respiratoires, ainsi qu’à une insuffisance respiratoire nécessitant fréquemment une transplantation pulmonaire.

L’atteinte digestive se traduit par une insuffisance du pancréas, qui, si elle n’est pas correctement traitée, se complique de troubles de la croissance et de dénutrition.

Grâce aux nombreux progrès de la recherche médicale, l’espérance de vie des patients a augmenté, passant de moins de 10 ans en 1960 à plus de 40 ans actuellement. Mais beaucoup reste encore à faire…